ENRIC GRANADOS I CAMPIÑA   (1867-1916)

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 Sur Enric Granados:  Biographie  Les premières années  L'Académie Pujol  Travailler pour subsister  L'étape Parisienne  Famille Granados-Gal  La capacité pédagogique de Granados  La plénitude vital La première de Goyescas, la Grande guerre et ses conséquences
 Oeuvre Musique pour piano  Musique de chambre  Musique pour orchestre  Musique vocale   Musique scénique
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Portraits de Enric Granados


Portrait dédicacé de Enric Granados jeune homme
 

 
Portrait de Enric Granados dédicacé à son élève Franck Marshall
 
 
Portrait de Enric Granados
 

 

Portrait de Enric Granados dédicacé à Franck (Marshall)
 
 
 

 

Oeuvre:

Musique pour piano:
-Clotilde (mazurca)
-Elvira (mazurca)
-A l'ancienne manière (bourrée)
-Lettre de amour
-Valses poétiques
-Carezza (vals)
-Valse de concert
-Exquise (valse gitane)
-Minuetto du bonheur
- L'amour de la Vierge
- Impressions de voyage
- Six marches militaires ( desquelles deux sont à quatre mains)
-Rapsodie aragonaise
-Caprice espagnol
-A la mode cubaine
-Moresca
-Danse lente
-Jácara (danse)
-Au village
(huit pièces pour quatre mains)
- Danse gitane
- Chanson et danse
-Danses pour chanter et danser
-Douze danses espagnoles (1890 - Pour piano, trois d'elles orchestrées par Joan Lamote de Grignon):
   •Galante
   •Orientale
   •Fandango
   •Villanesca
   •Andal
ouse
   •Rondalla aragon
aise
   •Valenci
enne
   •Sardan
e
   •Rom
antique
   •M
élancolique
   •Arabes
que
   •Bolero
-Six pièces sur des chansons populaires espagnoles
-Scènes romantiques (1903 - huit pièces):
 
•Mazurca
  •Berceuse
  •Alegretto
  •Mazurca
  •Allegro appassionato
  •
Épilogue

-Scènes poétiques (deux séries)
-Livre d'heures
-Croquies (1912):
 
Le réveil du chasseur
  •
La fée et l'enfant
  •Vals
e très lente
  •La c
loche de l'après-midi

-Contes de la jeunesse
-Scènes enfantines
-Allegro de concert (1903)
-Allegro apassionato
-Fantaisie
-Paysage
-Romeo et Julieta
-Goyescas (1911 - Suite pour piano - six pièces plus tard orchestrées):
 
•Les propos galants
  •Col
loque à la grille
  •Duo d
'amour
  •
Plaintes ou La maja et le rossignol
  •
L'amour et la mort (balade)
  •
Épilogue, serenade du spectre

-Oeuvres faciles pour lducaton du sentiment
-Six études expressives en forme de pièces faciles
-Deux impromptus
-Impromptu et barcarole
-El pelele (Le pantin)
-À la prairie
-Le crépuscule
-Ni ainsi il la distingue
-El tango des yeux verts

Musique de chambre:
- Sonate pour violon et piano
- Sonate pour violoncelle et piano
- Trio pour piano, violon et violoncelle
- Cuarteto pour deux violons, viole et violoncelle
- Romance (quatuor à corde)
-Serenate (deux violons et piano)
- Quintette pour piano et corde
- Andante (violon et piano)
-Première romance (violon et piano)
-Madrigal (violoncelle et piano)
-Trova (violoncelle et piano)
-Orientale (hautbois et corde)
-Scène religieuse (violon, orgue, piano et timbale)
- Trois preludes

Musique pour orchestre:
- Dante ou La Divine Comédie  (1908 - poème symphonique)
-La nit du mort (1912 - suite)
-Elisenda (1912 - suite)
- Noël
- Suite orientale
- Suite sur des chansons galiciens (cinq temps)
- Legende de la fée
- Marche des vaincus
- Torrijos
- Danse gitane
- Serenate
- Ébauches de deux concerts et une symphonie
-Interlude de Goyescas (1916 - dernière oeuvre)

Musique vocale:
-Chansons d'amour (1915 - pour voix et piano - texte, F. Periquet):
Dscouvrir le secret
Mañanica era (Il était tot)
Mira que soy niña (Fais attention je suis une petite fille)
Gracia mia (Ma grace)
Ils allaient à la pinède
Ne pleurez pas petits yeux
- Tonadillas (1910):
Amour et haine
Callejeo (Promenade)
Le majo discret
Le majo timide
Le regard de la maja
Le tra-la-la et le punteado (pointillé)
La maja de Goya
La maja Douloureuse I, II, III
Oh majo de ma vie !
Oh mort cruelle
De ce majo amant
Les currutacas modestes
Si al Retiro me llevas (Si tu m'emmenes au parc du Retiro)
Le majo oublié
- Boires baixes (Brouillards)
- L'ocell prophète (L'oiseau prophète - texte: Comtesse du Castellà)
-Elegie éternelle et Le roi et le  jongleur (texte: Apel·les Mestres)
- Cançoneta (Petite chanson)
- Chanson du pestillón
- Cançó de Janer (Chanson de janvier)
- Chanson des étoiles (choeur, orgue et piano)

Musique scénique:
-Maria del Carmen (1898 - Opéra - texte: Josep Feliu i Codina)
-Goyescas (1916 - Op
éra - texte: F. Periquet)
-Ovillejos
-Miel de la Alcarria
-Blancaflor (texte: Adrià Gual)
-Petrarca
-Picarol (1901)
-Follet (
Faune - 1903)
-Gaziel (1906)
-Liliana, (1911 - text
e: Apel·les Mestres)

Biographie:

Les premières années:
Granados naît à Lleida le 27 juillet 1867. Ses parents sont Calixto Granados et Enriqueta Campiña. Son père était capitaine de l'armée, d'origine cubaine qui peu après la naissance d'Enric fut nommé gouverneur militaire à Santa Cruz du Tenerife (Illes Canaries). Cela fait que le premier environnement de l'enfance du futur maître, comme il aimait se rappeller, était un petit verger d'orangers et de citronniers qu'il voyait de la fenêtre de sa maison et le parfum de la fleur d'oranger. Il avait l'habitude de dire de ces premières années, qu'alors il vivait dans un vrai paradis.
Un jour le père souffre une chute du cheval pendant une chevauchée à conséquence de quoi, la famille se déplace à Barcelone. Ceci se passe en 1874 et le petit Enric a sept ans.
Ses parents s'étaient déjà aperçus que le garçon réagissait d'une manière spéciale à la musique et qu'il en jouissait d'une manière inhabituelle chez un enfant de son âge. Un collègue de son père, le capitaine Josep Junceda, s'est offert pour lui donner les premières leçons de solfège. Le garçon a rapidement progressé et le besoin est aparu de lui chercher un professeur de piano pour développer sa vocation innée pour la musique. Il faisait partie alors de l'Escolania de la Mercé (Choeur de la Mercé) et le maître Francesc Xavier Jurnet a accepté de lui donner des classes. Après une courte période, Jurnet était très satisfait des progrès de son élève auquel il avait montré tout ce qu'il savait.
Le récent décès de son père (qui lui causà un grand chagrin) réveilla sa responsabilité, étant un des frères ainés de la nombreuse famille. Il étudiait jusqu'à dix heures par jour, avec l'aide de sa mère, en revoyant maintes et maintes fois toutes les pièces que Jurnet lui avait pu enseigner. Il jouait aussi souvent pour les amis et les connaissances qui les visitaient pour écouter «l'enfant prodige », comme l'appelait un jeune pianiste appelé Picó, qui le visitait souvent. C'est lui qui a parlé à sa mère des qualités qu'il voyait dans ce petit Granados et lui a fait voir l'intérét d'aller visiter le maître  Pujol.

L'Académie Pujol:
À cette époque Joan Baptista Pujol était considéré le meilleur professeur de piano de Barcelone. D'importants musiciens ont étudié sous sa direction, entre autres,
Albéniz, Malats et Vidiella, avec lesquels Granados à dévelopé une amitié et une profonde admiration. « L'Académie Pujol » était la forge de cette école catalane pour pianistes où un bon jour s'est présentée Madame Granados avec son fils pour parler avec le directeur. Celui-ci a demandé au jeune Grenados de jouer au piano une pièce. Nous ne savons pas ce qu'a joué le jeune Granados, mais il devait très bien le faire, car il n'a pas été nécessaire d'insister à Mr. Pujol qui immédiatement l'a reçu comme son élève. Entre le maître et l'élève est née une compénétration totale. Pujol a immédiatement pensé à présenter son élève à un des célèbres concours de l'Académie pour pianistes débutants, un des points de repère pour de jeunes révélations. Il a instruit son élève pour préparer la Sonate en sol mineur de Schumann, ce que Granados a travaillé avec tout son enthousiasme. C'était l'année 1882 et il avait quinze années au moment de se présenter au concours, on lui accorda le premier prix. Toute sa vie il se souvint que la Sonate était la première oeuvre « honnêtte » qu'il interprétait.

Travail pour subsister:
Pour aider au soutien de sa maison (dix personnes - entre les fils et les petits-fils de leur mère), GranadosMasque mortuaire de Beethoven propriété de Granados obtint un poste de pianiste au « Café de las delicias » qui plus tard changea son nom par "Lion d'Or". La présence de musiciens était courante aux  locaux élégants de la ville. Il gagnait cent pesetas par mois de l'époque (0,6 Euros).
Il a aussi travaillé un temps dans un café de la rue Hôpital, le "Café Filipino", où il accompagnait les gents qui
 spontanément sortaient chanter où jouer des instruments divers, comme le violon, la trompette, etc.
Par la suite, il a donné des classes aux fils d'Eduard Conde, qui était le propriétaire des magasins "El Siglo", grâce à l'intervention de son frère Zoe qui joue le role d'intermédiaire et à la Sonata de Schumann, qu'il a interprété à titre d'essai pour M. Conde, qui fut touché par la maîtrise du jeune Granados.
Au même temps, il écrit ses premières compositions. Ses douze célèbres dances espagnoles datant de 1883, fait qu'il aimait souligner quelques années plus tard quand elles furent connues par le public. Cette même année a une très grande importance pour sa carrière comme compositeur, puisque il approfondit son savoir musical avec l'aide du maître
Felip Pedrell, le musicologue et pédagogue le plus important du moment en Catalogne. Finalement il avait trouvé le grand  maître que sa personnalité réclamait pour se jetter avec des bases solides au prestige et aux reconnaissances qui l'attendaient dans tous les entourages musicaux.

L'étape Parisienne:
Eduardo Comte était, en plus un bon mélomane qui comprit très rapidement la valeur de Granados, en se proclamant son mécène inconditionnel. Conde pensea qu'il lui manquait un séjour à Paris, très necessaire à l'époque pour suivre les nouvelles tendances musicales. Conde paya le déplacement et tous les frais le temps nécessaire.
Plaque en bronze avec le profil de Granados
La période parisienne fut très agitée. Peu aprés son arrivée il attrapa des fièvres typhoïdes, qu'il a tardé trois mois à
surmonter. Ceci va lui empêcher d'être enregistré au Conservatoire, mais il en profita pour faire un cours Schaller. Il est très possible que cet inconvénient apparent s'avérerait à long terme bénéfique, puisque ainsi son tempérament d'artiste n'était pas soumis a d'horaires importuns.
À
Paris il retrouva le grand pianiste Ricard Viñes, comme lui né à Lleida, excompagnon de l'Académie Pujol. Ils vécurent ensemble pendant un bonne partie de son séjour à l'"Hôtel de Cologne et d'Espagne ". Grace à Viñes nous connaissons beaucoup d'anecdotes de cette période. Un autre compagnon inséparable de cette période était Malats, aucun d'eux se perdait les leçons de Charles de Bériot, qu'ils suivaient avec un enorme intérét. Mais ensuite, tel que font les jeunes gens, ils s'amusaient tout ce qu'ils pouvaient.
Les documents de Viñes nous montrent que ces temps seraient les plus heureux de sa jeunesse. Les élèves du Conservatoire donnaient leurs auditions à le "Salle Erard" et c'est ici que Granados et Viñes ont joué publiquement ensemble pour la première fois, aussi bien des pièces pour deux pianos, ou des pièces de Chopin, Schumann, de Grieg et Bizet.
Bien qu'ils étudient beaucoup, ils avaient le temps de fréquenter les Concerts Lamoreux, la "Comédie Française" et pédalaient sur un tricycle invraisemblable qu'ils avaient loué.
Granados s'est aussi intéressé à la peinture, puisqu'il mangeait  les dimanches chez Francesc Miralles, déjà très connu, (étant encore petits enfants ils avaient été voisins à la rue Rambla de Catalunya), où il fouinait entre les peintures et les chevalets. Plus tard, ces incursions serviraient pour concevoir des croquis de ses oeuvres. Cette étape est finie en juillet 1889. Musicalement, Granados apprit dans cette période tout ce qu'il lui manquait à savoir pour développer sa personnalité.  À partir de son retour a Barcelone il est déjà un grand pianiste et il se consacre également à la composition.

La famille Granados-Gal:
Professionnellement, Granados a joué son premier concert important au " Théâtre Lyrique" le 19 avril 1890, le premier d'une série qui avaient pour but de se faire connaître. Il entreprend une tournée en Catalogne et aussi en Espagne à Madrid, avec un grand succés.
Mais très tôt sa vie fait un changement spécial. Il connaît Empar Galo Llobera, qui était la fille d'un petit industriel. Granados ne perd pas son temps. Ils se marient le mois de juin 1893 à l'Église de la Mercé de Barcelone et le mois de juillet de l'année suivante nait son premier fils, auquel ils ont mis le nom de Eduard en honneur de son mécène M. Eduard Conde. D'autres fils sont nés plus tard, Solita, Enric, Víctor, Natàlia et Paquito le dernier, qui est né en 1901. Une famille que Granados aimait tendrement.
Il doit alors concilier la vie familiale et professionnelle. Les familles les plus liées depuis longtemps avec les Granados, seraient spécialement la famille Conde, Miró, Pi i Sunyer et Andreu, qui seraient ses seconds mécènes. Les filles de ce dernier, Carme, Madronita et Paquita furent ses élèves préférées.
Il consacre une partie très importante de son temps à la composition et à la famille, sans faire des concerts.
Pendant cette période il travaille à la composition de l'opéra Maria del Carmen dont la première s'est tenue au Théâtre
Franck Marshall, disciple de Granados et succésseur de son oeuvre musicale par moyen de l'Académie Marshall Cirque de Parish à Madrid en 1898), la Sérenade pour deux violons, un Trio pour violon, violoncelle et piano, la Lettre d'amour, dédiée à Amparo et la Suite Valses poétiques, dédiée à Joaquim Matas.
En ce qui concerne son oeuvre la plus populaire Goyescas, en principe il s'agirait d'un recueil de pièces inspirées en Goya et son environnement, interprétées longtemps comme une suite pianístique. Comme conséquence de son succés, son ami Ernest Schelling lui a suggéré d'en faire une version pour opéra, qui ne sera finie qu'en 1913, à un moment où Granados était au sommet de sa renommée.
Pendant une longue période, Granados vit la vie familiale, qu'elle combine avec la composition, il réduit le nombre de ses concerts. Il aapparaît à nouveau face au public en novembre 1895, où elle joue la Rapsodie espagnole d'Albéniz, dans un concert mémorable par la quantité de personnalités qu'il a réunie. Ily était entre autres Albéniz, Nicolau et Morera. Nous pouvons situer à ce moment la consécration définitive de Granados.
Entre les années 1896 et 1897 il prend part aux auditions de sonates avec le violoniste belge Mathieu Crickboom, en faisant partie du cuarteto du même nom, fondé par le jouer de violon. Avec Pau Casals ils seraient les premiers virtuoses invités. Il fonde aussi en 1899 la "Société de Concerts Classiques". L'intense activité s'est ressentie dans cette saison, ce qui lui a empêché de finir des oppositions à une place de professeur du conservatoire de Madrid

La capacité pédagogique de Granados:Couverture du Réglement l'Académie Granados
En 1901 il crée "l'Académie Granados", d'abord à la rue Fontanella et postérieurement à l'angle de la rue Girona et Casp. Ceci causa un grand déboire à Crickboom, parce que la collaboration de Granados dans son quatuor s'en est ressentie,  Granados dédiant beaucoup de temps à l'enseignement.
Les particularités de l'école, étaient l'attention depuis le premier jour à la position du bras, la poignet et des doigts, attention spéciale à la pédale - dont il est arrivée à écrire le cahier didactique "Méthode théorico-pratique pour l'utilisation des pédales du piano" -, éviter d'acquerir le plus petit vice et si l'élève venait d'une autre école, commencer dès le début. Il faisait aussi répéter insistamment les Exercices pour cinq doigts, de Bériot, à ses disciples, car il les considérait parfaits comme prechauffage. Lui-même disait qu'il les pratiquait toujours avant de jouer.
Personne très sensible, il enseignait avec patience, surveillait de ne pas se facher, il était trop complaisant selon Boladeres. Fréquement en pleine leçon, s'excusant avec l'élève, il prenait des notes sur une idée ou un passage où même il le jouait. Cette tâche a été connue tôt et même au delà des frontières, parce que Granados était très doté pour l'enseignement. Sur cette question, nous notons ce qui dit Henri Collarín dans "Les Maîtres d
La pianiste Alicia de Larrocha, brillant interprète de la musique de Granadose la Musique" : "Le double talent de Granados pour enseigner le virtuosisme et la composition s'est agrandi et développé d'une telle manière, qu'il est arrivée à être précocement couronné comme une gloire réellement mondiale".
De l'Académie sont sortis une grande quantité d'artistes du niveau de Mercè Moner, Anna M
arch, Paquita Madriguera (plus tard la femme du guitariste Andres Ségovia), Ferran Via, Franck Marshall, Juli Pons, Baltasar Samper, Ricard Vives, Josep et Empar Iturbi, Josep Caminals et un long etcetera.
Le décès prématuré de Granados en 1916, n'a pas mis un terme à l'Académie bien au contraire, parce que Franck Marshall a assumé avec succès la direction définitive, puisqu'Eduard, un fils du maître, est malheureusement mort à trente-quatre ans à cause des fièvres typhoïdes. C'est à partir de ce moment qu'elle s'appèle "Académie Marshall" (nom qui se maintient à présent). Celui-ci a su transmettre parfaitement à ses élèves les mêmes principes que Granados lui avait enseigné. Des noms comme Alicia de Larrocha, Rosa Sabater, María Vilardell, Carlota Garriga, Joan Tuesta et beaucoup de d'autres, ont bu dans les sources que l'enseignant avait ouvertes. De "l'Académie Greanados", est sorti ce qui a été postérieurement appelé "École Granados", parce que par la technique et les approches qu'il enseignait nous pouvons dire que, avec Isaac Albéniz, il a été le créateur de la moderne école catalane de piano.

La plenitude vitale:
L'activité musicale de Granados a coïncidé avec le triomphe du Modernisme (Art Nouveau catalan). Son harmonie raffinée était au service d'une esthétique romantique avec des influences de Schumann et de Listz. Sa musique est imprégnée d'une élégance sans fissure. En jouant au piano il était sobre, sans aucune arrogance, loin d'afectations, sans équilibres inutiles sur le clavier, il jouait le corps droit et sérieux avec la tête bien haute. Il transportait sa sensibilité personnelle au piano.
Son ami et mécène, le docteur Andreu, lui finance en 1912 la salle de concerts de  l'Avenue du Tibidabo 18 à Barcelone, où ses élèves avaient leur premier contact face au public.
Entre ses élèves on compte avec Conxita Badia qui a étudié le piano avec un acceptable succés, mais Granados
Conxita Badia, pianiste et chanteuse interprète de Granados découvrit ses extraordinaires capacités pour le chant. Il considéra nécessaire qu'elle laisse le piano pour s'y consacrer exclusivement. Conxita suivit les conseils de son maître et parvint à développer, dans cette nouvelles spécialité,  une carrière musicale extraordinaire.
Le premier avril 1911 il s'est tenu à la Salle Pleyel de Paris la première de "Goyescas" qui était encore une suite pour piano, avec un grand succès. M. Pleyel lui a demandé de répéter le concert quatre jours plus tard, en répétant le grand succès. Enthousiasmé, il fit cadeau à Granados du piano à queue où il avait joué les deux concerts. Ce piano se conserve au Centre de Documentation Musicale de la Generalitat de Catalogne.
Dés ce moment Goyescas attira une attention spéciale des domaines musicaux. Joaquim Malats, Alfred Cortot, Edouard Risler et d'autres artistes la mentionnent dans leur correspondance. Dans une lettre adressée à Joaquím Malats, Granados avait signalé: "Goyescas est le prix à mes efforts pour triompher; on dit que j'y suis arrivé. À Goyescas j'ai trouvé toute ma personnalité ; je suis tombé amoureux de la psychologie de Goya et de sa palette, par conséquent de son élégante Maja; de son Majo aristocratique, de lui et de la duchesse d'Albe ; de ses disputes, de ses amours, de ses galanteries. Ce blanc rosé de ses joues, contrastant avec les blondes et les velours noirs avec... ces corps de ceinture ondulante, mains de nacre et carmin posés sur des jais ; m'ont troublé, Joaquin. En fin, tu verras si ma musique sonne à cette couleur". Il faisait longtemps que Ernest Schelling lui avait suggéré la mise en scène de l'oeuvre. En fait, il fallait que finalement Granados mûrisse l'idée, et se décidé à le faire, se métant au travail immédiatement.
Parallèlement, on a chargé le libret à Fernando Periquet, qui avait dejà collaboré avec lui pour le texte des chansons de Tonadillas. Nous savons que l'oeuvre a été orchestrée entre Barcelone et Vilassar de Mer, dans une maison qu'il avait louée. À la fin de 1913 l'oeuvre était prête. Faites les démarches prealables, l'oeuvre devait être jouée pour la première fois à l'Opéra de Paris dans les premiers mois de 1915, comme confirmait enthousiasmé son directeur M. Jacques Roucher dans une lettre datée le 22 juin 1914. Cette première devait être la consécration mondiale de l'artiste.

La première de Goyescas, la Grande guerre et ses conséquences:
Mais la guerre européenne (Première guerre mondiale) éclate cette même année et cela change les plans tracés pour la première de Goyescas qui ne pouvait plus se tenir à Paris. Schelling s'est montré très actif en cherchant le moment opportun et les personnes adéquates, il a obtenu que le Metropolitan Opéra House de New York, l'inclue dans son programme pour la saison 1915-1916. Il trouverait là aussi Pau Casals, auquel on a demandé de faire les premiers essais avec l'orchestre.
Granados a vécu avec inquiétude le changement de plans, parce qu'il n'était effectivement pas le moment le plus approprié pour se faire à la mer. "Dans ce voyage je laisserai la peau", il s'était exclamé en plaisantant à un certain moment. Finalement Granados et sa femme Empar partent de Barcelone en novembre 1915 dans le bateau "Montevideo" où se déplace aussi le guitariste Miguel Llovet, chose qui leur permettra de rendre la traversée plus intéressante. Le
Programme d'un concert de Granados bateau fait escale à Cadix et le 30 du même mois ils partent  définitivement pour la traversée de l'Atlantique.
Par une lettre que Granados écrit à ses fils en arrivant à New York, nous savons qu'ils ont été arrêtés par une croiseur de guerre français, le "Cassard", incident qui n'a eu aucune importance, mais qui est parvenu à inquiéter les passagers. Une fois décontractés, Granados , homme d'esprit exclame: "S'ils nous arrêtent à nouveau, je descends!". Dans la même lettre il décrit le voyage : "...il devait durer 10 jours et en réalité il en a duré 15. Quelques heures de calme et le reste un mauvais temps qui ne finissait jamais. Nous croyions que nous ne parviendrions pas à vous revoir. Un après-midi, votre mère et moi, nous sommes embrassés et prié Dieu de vous guider... ". Ils sont arrivés à New York le 15 décembre. Les essais se commencent rapidement avec l'orchestre, avec laquelle, tel que prévu, Pau Casals avait déjà travaillé.
Avant la première, le 23 janvier il offre un concert avec le célèbre violoncelliste à la société "The friends of Music". Il enregistre quelques petits rouleaux de pianola pour la compagnie Aeolian, en plus d'assister là où il est invité. Le fait d'avoir un artiste européen à ce moment là en Amérique du Nord était un luxe.
Quelques jours avant la première, l'impresario a considéré qu'à l'oeuvre il lui manquait un interlude ce qu'il à dit a Granados. Dans une nuit il écrit celle qui devait être sa dernière oeuvre et une des plus connues, mais il n'est pas trop satisfait, ce qu'il explique à Casals: "J'ai fait une chose de mauvaise foi, vulgaire, face au public. Il m'a sorti une Jota! (tipique danse aragonaise)" La réponse de Casals le tranquillise : "Parfait - lui dit il -. Goya n'était pas aragonais?". Joan Alavedra écrira par la suite : "... chaque fois que Casals joue cet interlude, avec ce soupir de tristesse qui finit l'oeuvre, il paraît qu'il dise "Au revoir!" à son ami".
Finalement arrive le jour de la première. L'orchestre est dirigée par le maître Gaetano Bavagnoli, le choeur par Giulio Setti et le vestiaire et les décors sont chargés à Antonio Rovescalli. Les applaudissements sont prolongés cette nuit, mais le jour suivant une partie de la critique se lance sur lui, en l'accusant de présomptueux et en dédaignant l'oeuvre, qui plus qu'un opéra, ils disent, semble un poème symphonique "avec une partie de chanson plus ou moins heureuse, adaptée à un libret pauvre". D'autres en parlant "... du nerf, de la poésie, le charme mystérieux, la richesse et la couleur, le mouvement, l'habilité dans la composition polyphonique, les stridences...". En tout Goyescas a été représentée seulement cinq fois. Elle s'est avéré économiquement catastrophique, mais ceci n'a pas réduit le protagonisme au personnage qui a été invité par le président Wilson à la Maison Blanche.
Pour s'occuper de l'invitation il est obligé de changer les passages pour l'Europe. À cause de son désir de rencontrer rapidement ses fils, qu'il ne voit depuis trois mois, il prend des passages pour deux bateaux : "Le S.S. Rotterdam" (Néerlandais), pour aller de New York à Falmouth, et le "Sussex" (Britannique), de Folkestone à Dieppe. Le 7 mars il joue le concert à la Maison Blanche et le jour suivant il y a un repas à l'Ambassade d'Espagne. Là l'ambassadeur Juan Riaño lui fait voir qu'il est une témérité de voyager dans un bateau belligérant. Il y a des tentatives de changer les billets, mais il n'en a pas le temps et c'est ainsi que le 11 mars le couple Granados part de New York.
Les adieux au quai sont incroyables. Beaucoup d'amis et d'artistes y ont assisté, entre eux, Shelling, Kreisler et
Photo de Granados au piano dédiée a Franck Marshall Paderewski. Ils lui font livraison d'une coupe d'argent commémorative de l'événement, dans laquelle sont enregistrées les signatures de tous et un passage de  Goyescas, avec quatre mille cent dollars à l'intérieur. Ils arrivent à Falmouth le 19, et visitent Londres. Le 24 ils partent de Folkestone à bord du "Sussex", de la Compagnie de Chemins de fer de l'État français à 13.15 heures. Deux heures plus tard le bateau est torpillé par un sous-marin allemand.
D'après ce qu'on peut lire au "Bulletin d'information pour l'Espagne et l'Amérique du Sud" du mois de juin 1916, à 14.50 heures les horloges de bord se sont arrêtées, ce qui paraît indiquer l'heure de la catastrophe. Le bateau a été divisé en deux, la proue à rapidement sombré tandis que la poupe restait à la dérive, étant remorquée jusqu'à Boulogne, comme ont expliqué les survivants. Le nombre de morts est estimé en quelque quatre-vingt, entre eux le couple Granados, ses restes n'étant jamais trouvées. Dans la partie remorquée qui n'a pas sombré il y avait la cabine du couple, avec tous les bagages.
Joan Alavedra explique que de tous les hommages qui lui ont été faits, celui qu'organisa Pau Casals fut spécialement émotif. Dans le même Metropolitan où Granados avait salué le public quelques jours avant, Casals, Paderewsyi, Maria Barrientos, Julia Culp et le ténor McCormack ont joué ensemble. Comme au revoir, avec un grand respect et tout le monde en pied, Paderewski a joué à la mémoire Granados la Marche funèbre de Chopin, avec toutes les lumières du théâtre éteintes et avec seulement un candélabre allumé près du piano. Granados est mort quelques mois avant de fêter ses 49 années. Son grand ami Albéniz quelques jours avant.

Commentaires sur la vie et l'oeuvre de Granados:
Ricard Viñes,
compagnon d'études et grand ami dit: "Le caractère d'Enric était très optimiste et gai, au point qu'il le transmettait facilement à tout son entourage, à cause de ses boutades et sa manière de rire"
Joan Alavedra dit: "j'ai toujours cru que Granados était un homme heureux. Je ne fais pas allusion à ses succés..., mais aux émotions que lui causait une receptivité exceptionnelle, qui en lui se traduisait immediatement en musique...elle s'écoule de manière naturelle... avec ses grands yeux rêveurs, il se promène par la rue en écoutant de la musique au point que, fréquemment il doit s'arreter et écrire la mesure sur les manchettes blanches de sa chemise".
Son maître Felip Pedrell dit dans un article au journal "La Vanguardia": "Nos lessons n'etaient pas strictement des lessons; elles étaient des conversations où moins encore, des causeries entre compagnons avec plus d'humeur que de conseils. Je voyais que quand nous parlions de problèmes techniques compliqués, il se concentrait en soi même; et me rendant compte que la regle sèche et froide n'etait pas acceptée par son intelligènce, je pris la décision de ne jamais lui parler de règles, resolutions et hiéroglyphes téchniques, mais au contraire de lui parler de goût délicat et cultivé, ne me souciant de rien d'autre, seulement de diriger une si exceptionnelle intelligènce".
Conxita Bahía disait: "Il y a une manière de jouer, un style Granados".
Le critique parisien G. Jean Aubry écrit par rapport au concert tenu à la Salle Pleyel le 5 avril 1911: "Granados joue ses oeuvres de manière exhasperante pour les meilleurs pianistes, et avec une telle intention, que personne les connait très bien s'il ne les a pas entendu jouer à lui même. Je suis convaincu que nous sommes en présènce du meilleur interprète que la musique de piano ha produit en Espagne depuis la mort d'Albéniz."
Le pianiste Edouard Risler parle de "…intention de chaque phrase, la nuance de chaque accent sans perdre jamais la ligne expressive, le large contour de l'oeuvre"
Claude Debussy dit de lui: "Il avait une tête géniale qu'il amenait d'une manière gentille que l'on ne peut pas oublier facilement".
Le musicien et ami Joaquim Nin était un grand admirateur de Granados: "… et me seduit son exhuberante imagination…, son desordre improvisé, sa noblesse…, ses grands yeux toujours près à pleurer, de rire, s'admirer où se surprende de tout…" explique Henri Collet dans son livre Albéniz et Granados.

Honneurs et décorations qui lui ont été acordés:
La Croix de la Légion d'Honneur. (France)
Las Palmes de l'Académie. (France)
La Plaque de Commendeur de l'Ordre Civile d'Alfonso XII. (Espagne)
La Croix de Chevalier de l'Ordre de Carlos III. (Espagne)
La médaille d'argent des arts et des lettres de The Hispanic Society of América,
a New York avant la première de Goyescas le 16 janvier 1916. (U.S.A.)

 

Texte de Ricard Comas i Figueras

Photographies publiées sous l'autorisation de l'Academia Marshall

 

Sélection de LINKS à d'autres webs sur Enric Granados i Campiña

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Bibliographie spécifique sur Enric Granados i Campiña

Titre Auteur Publié par Année
La música i el Modernisme Aviñoa, Xosé Biblioteca de cultura catalana. Barcelona 1985

Granados

Antoni Carreras i Granados Ed.de Nou Art Thor, Barcelona 1988
Barcelona filarmónica. La evolución musical de 1875 a 1925 Lamaña, L. Elzeviriana i Libr. Camí, S.A.. Barcelona 1927
La música a Catalunya Lamote de Grignon Conferència mecanografiada ca.1937. Arxiu Sra. Empar Ranch, Valencia. ca. 1937
Musique et musiciens français a Barcelone, musique et musiciens catalans à Paris Lamote de Grignon Conferència mecanografiada, llegida a l'Institut Francés de Barcelona el 9-5-1935 1935
Quasi un segle de simfonisme a Barcelona. Vol I: De l’orquestra Pau Casals a l'Orquestra Ciutat de Barcelona Martorell, Oriol Barcelona 1995
Síntesi històrica de la música catalana Martorell, Oriol i Valls Manel Els llibres de la frontera. Sant Cugat del V.
El rossinyol abatut. Enric Granados (1876-1916 una vida apassionada). Milton, John W. Pagès editors - Lomarraco 2005
Academia Granados-Marshall: 100 años de escuela pianística en Barcelona Pagès Santacana, Mònica Taller editorial Mateu 2000

Història de la Música Catalana

Valls, M. Editorial Tàber. Barcelona 1969
Gran enciclopedia catalana Varios autores Enciclopedia catalana, S.A.
 

Livres sur Enric Granados

 


 
 
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