JOAN LAMOTE DE GRIGNON I BOCQUET   (1872-1949)

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 Sur Lamote de Grignon:  Biographie:  Enfance et premières études  Dynamisme de jeunesse et mariage  Répertoires variés  La Fanfare Municipale et l'École Municipale de Musique de Barcelone  L'Orchestre Symphonique de Barcelone  Un fait très important  La Fanfare Municipale, seconde étape  Richard Strauss à Barcelone  Une tache que même l'éclat de la guerre ne peut pas arrêter  L'Orchestre Municipale de València  Dernières activités à son retour à Barcelone
 Oeuvre Musique pour orchestre  Musique pour orchestre et voix  Lieder et chansons  Musique scénique   Voix et piano   Transcriptions pour Fanfare
 Sources et information additionnelle:  Bibliographie   Autres Musiciens Art Nouveau Catalans 
 
Oeuvre:

Musique pour orchestre:
-Scherzo sur un thème populaire (La filadora) (La fileuse 1897)
-Médona, po
ème symphonique (1899)
-Révérie, schumani
enne pour violoncelle et orchestre (1901)
-Solidari
té des fleurs, sardane (1907)
-Hispánicas II: Catalogne, suite (1913)
-Chants populaires espagnols (1914)
-Hispánicas I: Andalousie, suite (1924)
-Thème et variations pour contrebasse et orchestre (ca.1946)

Musique pour orchestre et voix:
-La Nit de Nadal, oratoire (La nuit de Noël 1902)
-Poema romàntich (Càntich d'Amor i de Dolor), (Poème romantique (Chant d'amour et de Douleur)) pour baryton et orchestre

Lieder et chansons:
-Deux chansons de Contraluz (Contre-jour 1898)
-Funérailles (1898)
-L'àngel de la son (
L'ànge du someil 1898)
-Melodi
es (1898-1907) (Quelques unes non completées et autres où nous y trouvons seulement des indications des partitions) 
-Sis cançons de Violetes (
Six chansons de violetes 1901-1904)
-Íntima (Intime 1904-1907)
-Tr
ois poèmes pour soprano et orchestre (1904-na.1924)
-Quan jo ja seré mort (
Quand je serais mort 1905)
-Prec de Madonna Elisenda (Prière de Madonna Elisenda 1906-1907)
-Oració de mercès (
Prière de merci 1914)
-Ros ton cabell, blau ton vestit (Blonds tes cheveux, bleu ton vêtement ?)
-Uns llavis molls de la fresca rosada (Des lèvres humides de la fraîche rosée ?)

Musique scénique:
Opéra
-Imogina, Tableau dramatique (1894)
-L'Angelo,
Scène por baryton et orchestre (1899)
-Hesperia (1906)
Musique Lyrique
-En todas partes cuecen habas où La romería del santo (Le pèlerinage du saint 1895)
-Pares y nones (
Pairs et impairs 1895)
-Soledad: Act
e 1 (Solitude 1895)
-Las siete palabras (
Les sept paroles 1896)
-Los antropófagos (
Les anthropophages 1896)
-La Perla del Avapiés,{sic} (
La perle du Avapiés ?)
-Un millón (
Un milion ?) Inachevée

Voix et piano:
-Chansons catalanes (1896-1897)
-Violet
as (Violettes 1901-1904)
-Passioneres (1901-1906)
-Rec
ueil d'oeuvres pour voix et piano (1904-1907) Beaucoup d'elles innachevées. Frequemment il s'agit de transcriptions de lieder pour voix et orchestre.

Transcriptions pour Fanfare:
-De compositions de divers auteurs, d'Albéniz à Weber, en passant par des compositions du même Lamote.


 

 


 

 

Portrait de Joan Lamote de Grignon

Biographie:

Enfance et premières études:
Il naît à Barcelone le 7 juillet 1872. Ses parents, d'origine française, sont Lluís Lamote de Grignon i Lebiay et Elena Bocquet.
Très tôt après sa naissance, sa famille se déplace à la ville de Tortosa, où ils possédaient des propriétés, raison par laquelle Joan a obtenu le titre de Baccalauréat à l'Institut de Tarragone en 1887. En même temps il commence ses études musicales de la main de Josep Abarcat, mais à cause de son très fort intéret pour la musique, il se déplace à Barcelone et il s'inscrit au Conservatoire de l'Opéra - Liceu de Barcelone -, qui était à ce temps là, le seul dans la ville.
Là il a connu Antoni Nicolau, qui a été son maître de composition, ainsi que T. Güell, Gabriel Balart (violon) et B. Tintoré (piano). Il se fait remarquer par sa perfection dans l'interprétation de cet instrument et au bout d'un certain temps il est nommé successivement professeur de piano (1890) et par la suite professeur de solfège supérieur, auxiliaire d'harmonie et responsable d'ensemble instrumental au même Conservatoire du Liceu.

Dynamisme de jeunesse et mariage:
Parallèlement à ces événements, il se marie avec Florentine Ribas i Mallol le 31 juillet 1893 qui lui donne un seul fils, Ricard, né le 23 septembre 1899 et qui était destiné à collaborer avec son père comme continuateur de sa tâche, spécialement dans la direction orchestrale. Il est connu que son nom a été choisi à cause de l'admiration de son Père vers Richard Wagner. Pendant cette période, pourvu que l'activité concertístique le lui permette, il se consacre à la composition. C'est l'époque de la Gavote en re majeur, Six chansons catalanes, Imogina et L'Angelo, certaines d'elles jouées pour la première fois au Théâtre Lyrique.
Le changement de siècle nous présente un Joan dynamique avec la maturité nécessaire pour la composition des oeuvres les plus ambitieuses. Les oeuvres suivantes appartiennent à cette époque: le poème symphonique Médona (joué pour la première fois au théâtre du Liceu le 22 mars 1900), l'oratoire la Nit de Nadal (la Nuit de Noël 1902) et le poème lyrique Hesperia ('Opéra (Barcelone) le 25 janvier 1907.
L'année 1902 il s'est présenté pour la première fois comme directeur d'orchestre, choisi par l'Association Musicale de Barcelone, (qui lui avait déjà accordé précédemment le premier prix au "Ier. Concours Musical de Barcelone"), en dirigeant un orchestre non titulaire au sens actuel, puisque les musiciens étaient engagés seulement pour un nombre déterminé de concerts, mais qui à son tour constituait une tribune artistique idéale pour tester les dons du jeune Lamote.
À l'avant de cet orchestre il a non seulement atteint un grand prestige qui lui a permis d'être connu par le grand public. Il a fait connaître des oeuvres de styles et de compositeurs très différents, il s'est approché aussi bien à des interprètes nationaux comme à des étrangers, en créant une atmosphère inexistente jusqu'à alors et, en définitive, il a collaboré à réveiller de manière permanente l'intérêt pour la musique.
Dans cette tâche il a été aidé par des pianistes comme Grenus, Malats, Fauré, Saint-Saëns, Bataille ; violonistes comme Heermann, Thibaud, Manén, Massià, violoncellistes comme Casals et beaucoup de d'autres.

Repertoires variés:
Si on analyse les oeuvres interprétées dans cette période, nous trouvons des cantates de Bach, des concerts de Händel, Le Christ au mont des Oliviers et la première audition de la Messe solemnis de Beethoven (interprétée selon coutume de l'époque divisée en trois concerts), l'oratoire Les Béatitudes de César Franck, la première audition de Catalònia d'Albéniz, des sélections symphoniques d'oeuvres de Wagner (avec la présence pour cet évènement de Sigfried Wagner, fils du compositeur)... Dans cet aspect Lamote contribue à la consolidation du répertoire classique et contemporain, en accordant à son action un équilibre entre art et pédagogie, ce qui a été une caractéristique de toute sa vie.

La Fanfare Municipale et l'École Municipale de Musique de Barcelone:
Le maire Ríus i Taulet a créé 1886 des corps fixes de personnel pour la Fanfare Municipale de Barcelone, qui jusqu'alors fonctionnait de la même manière que nous avons expliquée pour les orchestres, avec des contrats par saison, dans une tentative de consolider l'organisme et d'aboutir à une maturité et une régularité dans ses activités.
Les 60 professeurs initiaux ont été mis sous la direction de Josep Rodoreda i Santigós. La Mairie a aussi créé l'École Municipale de Musique en vue de former de bons professionnels pour l'ensemble, de telle sorte que les deux institutions soient attachées comme un élément pédagogique indispensable, donc le même Rodoreda était le responsable des deux organismes.
Tous les débuts sont difficiles et en dépit de
son dévouement indiscutable, Rodoreda ne parvenait pas à s'imposer devant l'indiscipline et la négligence de beaucoup de musiciens. Ceci, uni à l'autre responsabilité de direction de l'École lui a fait présenter sa résignation (1896). Dans un désir tacite d'éviter le vide de pouvoir la résignation de Rodoreda est devenue effective à la fois que la nomination d'Antoni Nicolau, homme de grand prestige musical et avec les dons de fermeté et d'organisation nécessaires pour en finir avec la crise.
Nicolau a été prioritairement consacré à la direction de l'École Municipale de Musique et il a chargé la direction effective de la Fanfare à Celestí Sadurní i Gurguí, jusqu'alors à sous-directeur, avec le titre de Musicien Majeur. Nicolau s'est réservée la direction juridique de l'institution. Sadurní a fait une tâche exceptionnelle, qui a restitué le crédit artistique et des citoyens de la Fanfare, jusqu'à son décès (1910).
La disponibilité de la place annoncée, Joan Lamote s'est présenté comme candidat à la fois que d'autres musiciens mais le jury - qui était formé par le directeur de l'École Antoni Nicolau, Lluis Millet et Eusebi Daniel - n'a eu aucun doute, et s'est montré à l'unanimité  favorable à Lamote. Ceci malgré que certains conseillers municipaux et des disputes entre certains éléments du monde musical du moment.
En dépit
de sa valeur et au fait d'avoir été choisi par un jury d'experts, l'opposition municipale est parvenue à s'imposer devant la logique artistique et après des actions turbulentes, des documents, des contredocuments, des influences et des menaces, le conseiller Jaussens a forcé la réalisation d'une nouvelle votation pour le candidat par lui proposé, Teodoro San José. Le fait est que le résultat final du vote a été de dix-huit en faveur et onze en contre, et par conséquent San José, fut élu le nouveau directeur de la Fanfare.

L'Orchestre Symphonique de Barcelone:
L'événement a laissé Lamote très déçu, parce que dans sa tête bouillaient une quantité de projets pour la Fanfare, qui étaient maintenant impossibles ou, au moins,  devaient attendre longtemps. Mais le découragement n'a pas trop duré, puisque très tôt il a décidé de fonder un orchestre, en disposant de l'aide de l'Association Musicale de Barcelone et de l'expérience qu'il avait obtenue comme directeur grâce à la confiance de cet organisme. L'Association a favorablement réagi à sa proposition et l'a soutenue immédiatement. Ceci à un tel point, que la présentation officielle de la nouvelle Orchestre Simfònica de Barcelone a eu lieu le 13 novembre 1910 au Palau de la Música Catalana, inauguré deux années plus tôt. Le critère pour la programmation des concerts a été la même que celui qu'il a élaboré pour l'Orchestre de l'Association, c'est à dire, la recherche d'un public fidèle, la consolidation d'un répertoire et la volonté d'éduquer musicalement.
À cette époque le public barcelonais était relativement nouveau dans le répertoire symphonique, bien que pendant la première décennie du XXème., d'importants ensembles musicaux et artistes qualifiés de renommée reconnue y étaient déjà passés. Quelques exemples de ces ensembles sont: l'Orchestre Filhamònica de Berlin dirigée par Arthur Nikisch (1901) et par Richard Strauss (1908), l'Orchestre des Concerts Lamoreux de Paris par Camille Chévillard (1902 et 1905), la Symphonique de Madrid par E.Fernández Arbós (1909 et 1910), et solistes de piano comme Joaquim Nin, Raoul Lutte, Joaquim Malats, Isaac Albéniz, Alfred Cortot, Enric Granados, Ignaz Paderewsky; de violon comme Mathieu Crickboom, Joan Manén, Hugo Heermann, Eugène Ysaÿe, Jacques Thibaud, et le violoncelliste Pau Casals, ces deux derniers très fréquemment.
Lamote développa une importante tâche dans la présentation de compositeurs débutants du pays, que le public barcelonais ne connaissait pas à ce moment la ou son oeuvre ne faisait pas partie du répertoire avec l'assiduité désirable. Cette initiative a été appelée "Première Manifestation Symphonique d'Auteurs Ibériens". Parallèlement à la tâche interminable de directeur et aux essais pour perfectionner son OSB, il n'a pas abandonné le versant de compositeur, bien que ce qui le rendrait plus célèbre fut la popularité qu'il a obtenu comme directeur d'orchestre.
Il ne s'est pas seulement limité à la ville de Barcelone, car dans cette première étape, de de 1910 à 1916, on a fait des concerts dans beaucoup de capitales et d'importantes villes de la Catalogne, en outre, une considérable quantité de concerts se sont donnés en Espagne. Jusqu'à un total de soixante-trois concerts à des villes comme Tarragone, Girona, Sabadell, Terrassa, Reus, Manresa, Tortosa et València; à Bilbao et Saint-Sébastien au Pays Basque et à Madrid, Saragosse, Grenade, etc. en Espagne, ce qui a fait dire à Oriol Martorell que l'OSB avait été "une des formations symphoniques catalanes les plus voyageuses".
Les concerts ont été donnés principalement au Palais de la Musique Catalane, en des cycles courts, comme les 6 concerts pendant la Carême et les 4 concerts en automne, outre des événements ponctuels, comme la première de la Messe en Si mineur de J. S Bach, avec l'Orfeó Català et Albert Schweitzer à l'orgue et les concerts à bénéfice du Temple de la Sainte Famille de Gaudí, ou au bénéfice de la construction du monument à Jacint Verdaguer.

Un fait très important:
Le 18 mai 1914, une résolution gouvernementale, a déclarée nulle la décision municipale du 4 août 1910, à cause de quoi Joan Lamote de Grignon ne put pas accéder à la direction de la Fanfare Municipale. Le maire Joan Pich i Pon lui a rendu à nouveau au bout de quatre années ce qu'il avait gagné par des mérites propres. Depuis lors la principale préoccupation de Lamote a été à nouveau la Fanfare, mais sans négliger l'OSB, bien que les déplacements se sont presque complètement interrompus. Le maître ayant préféré de consacrer l'ensemble aux concerts populaires, principalement pour le public de Barcelone.
Cependant, progressivement et à la suite de ce fait, l'Association n'était pas très d'accord avec cette accumulation de travail et la vieille alliance avec le maître est commencée à s'affaiblir jusqu'au point que en février 1922, après avoir gratuitement offert le concert nº 200 de l'OSB à la place de Sant Jaume de Barcelone, l'Association a interrompu sa collaboration économique ce qui a emmené de graves problèmes pour la continuité de l'organisme. Depuis lors seulement étaient disponibles les recettes obtenues du guichet ce qui était tout à fait insuffisant. En dépit de ceci, Lamote au milieu de toute sorte de difficultés, a résisté un certain temps. Sa persévérance pour éviter les écueils, son habileté pour résoudre avec intelligence des situations difficiles, les réorganisations des cycles, etc., lui ont permis de continuer avec l'orchestre, mais au prix de réduire chaque fois plus le nombre de concerts qui pouvaient être offerts. Les derniers qu'a offerts l'OSB seraient donnés au Théâtre Eldorado le 13 avril 1924 et encore un autre à l'Olympia de Barcelone le 11 janvier 1925, ce dernier dirigé par C. Slavinski d'Agreneff.
Beaucoup de considérations ont été faites sur l'influence qu'aurait eu dans toute cette affaire le fait que en 1920 Pau Casals fondât l'Orchestre qui portait son nom. Certainement, celle-ci a eu depuis le premier moment une solidité économique et artistique que d'autres institutions barcelonaises de ce temps n'avaient pas. Le prestige que partout dans le monde avait obtenu son fondateur comme virtuose du violoncelle, la quantité de musiciens qu'il y avait à Barcelone à cette époque, insuffisant pour compléter les personnels des cinq orchestres du moment et les meilleures conditions de travail et économiques, ont fait que aussi bien les musiciens comme les institutions de la ville se soient décantées vers l'Orchestre du maître du Vendrell (Pau Casals).
Malgré tout les relations entre eux deux seraient toujours bonnes et ne se sont pas ressenties en raison de ces faits. Lamote a été appelé plusieurs fois à diriger l'Orchestre Pau Casals et à une occasion ce dernier a joué la partie de violoncelle soliste de l'oeuvre Andalousie dans un concert d'hommage en juin 1929, dirigé par le même auteur et complètement formé par des oeuvres de Lamote.

La Fanfare Municipale , seconde étape:
Lamote avait considéré depuis le premier moment que la Fanfare Municipale de Barcelone devait être renouvelée pour lui enlever les vices et la manière routinière qu'elle traînait, tâche qu'il voulait déjà réaliser depuis 1910 au moment qu'il avait présenté sa candidature manquée.
Peut-être les mêmes mots du maître extraits d'une conférence lue à l'Institut Français de Barcelone en mai 1935 nous résument et nous clarifient la position dans laquelle il s'est trouvé en renonçant à l'OSB. "...une fois l'Orchestre Simfònica de Barcelone réduite au silence, il m'a été nécessaire de trouver le milieu de continuer, en l'intensifiant, ce que je considérais comme un devoir inéluctable : l'éducation artistique de notre peuple. Et la fin de l'Orchestre Simfònica a donné naissance à l'Orchestre d'Instruments de Vent. Si avec la première il fallait attendre que le peuple vienne à nos concerts, avec la deuxième, je peux apporter les concerts au peuple ".
Outre les réformes internes des différents blocs instrumentaux comme fonds, il est aussi entré dans le terrain de la forme, comme est le fait que les auditions traditionnelles de la Fanfare les dimanches matin, qui étaient faits au carrefour de la Gran Via avec le Passeig de Gràcia, seraient transférés à des endroits plus adéquats, comme par exemple la Place del Rei ou la Place de Sant Jaume quand ils étaient en plein air, ou au Palais des Beaux Arts dans un local fermé. En effet, l'espace plus réduit donnait une option à entendre mieux les nuances de la formation, qui pouvaient facilement passer inaperçus dans un espace très ouvert comme celui que l'on utilisait précédemment.

Richard Strauss à Barcelone:
En mars 1925 Richard Strauss se trouvait à Barcelone, pour diriger une série de concerts dans la Saison de Carême du Théâtre du Liceu et le 15 on a pu écouter à la Place du Roi la version transcrite pour la Fanfare faite par le maître Lluís Oliva, de son poème symphonique Mort et transfiguration. Surpris par la qualité de la version, il a demandé de pouvoir diriger l'ensemble, demande qui a été immédiatement acceptée comme un grand honneur.
L'audition a eu lieu le matin du 19 à la Place de Sant Jaume, qui avait plus de capacité pour accueillir davantage de public. Le succès a été impressionant. Le maire qui était alors le Baron de Viver a demandé Richard Strauss de saluer depuis le balcon de la Mairie la multitude enthousiasmée. Mais ceci n'est pas tout. Le compositeur autrichien a manifesté le désir de porter la Fanfare en Allemagne pour la faire servir comme modèle pour d'autres ensembles, ce qui démontre la qualité de la tâche faite par Lamote et son Orchestre d'Instruments de Vent.
Et c'est ainsi que en août 1927 dans le cadre de l'Exposition Internationale de Francfort, qu'avec le titre "
Die Musik im Leben des Völker" il a eu lieu du 20 au 28, Strauss a dirigé le dernier concert de la Fanfare, en interprétant son poème symphonique Don Juan, suivant la transcription de Joan Lamote. La Fanfare a fait aussi des concerts aux villes de Wiesbaden, Bad Nabhein, Stuttgart, Genève et Lyon.

Une tache que même l'éclat de la guerre ne peut pas arrêter:
Nous nous trouvons à l'époque d'une plus grande fécondité du maître, dans laquelle, il est partout admiré, il voit que lentement comme résultat de son effort il est reconnu chaque fois plus par le monde musical et par le public fidèle aux auditions comme un des meilleurs représentants de la culture populaire du moment. Et quand nous disons populaire nous ne parlons d'oeuvres plus ou moins "faciles", qui s'associent traditionnellement aux fanfares si nombreuses dans notre géographie.
Perspicacement, sagement, il a progressivement renouvelé le répertoire jusqu'à faire connaître un ensemble de pièces qui, grâce à sa transcription très reusie pour fanfare, il est parvenu à rendre populaires. Il manquerait seulement chercher dans les hemeroteques et consulter les programmes des concerts pour le confirmer.
Nous citons comme points d'intérét la participation fondamentale à l'Exposition Internationale de Barcelone de l'année 1929, dans laquelle il a dirigé de nombreux concerts extraordinaires, comme un fait de cette importance réclamait.
Nous soulignons aussi le voyage quil a fait avec Robert Gerhard à Amsterdam en 1933 et à Prague en 1935, pour défenser la participation de Barcelone au XIV Festival de la SIMC (Societé Internationale de la Musique Contemporaine). Nnotre candidature faisait face à celle de Berlin. L'objectif a été atteint et la semaine du 18 au 25 avril 1936, la ville s'est transformée en point d'intérêt mondial de la musique.
C'est juste reconnaitre que l'avènement de la république en avril 1931 a permis d'accorder au pays un régime de libertés et de projection mondiales inconnus jusqu'à alors, permetant une dinamisation sans précédent de la vie culturelle.
Après les Journées Internationales du mois d'avril, il a continué à diriger les concerts populaires jusqu'au dernier de la saison le 9 juillet, mais l'éclat de la guerre a interrompu l'activité musicale barcelonaise.
L'Orchestre Pau Casals a cessé son activité. La Fanfare Municipale a été la seule institution qui régulièrement suivait sa tâche. Pendant le cours de la guerre, il ne doutait pas à se déplacer la où la situation sociale et patriotique le demandait.
Les concerts ont diminué les années 1937 et 1938 quand les bombardements faisaient des massacres d'innocents civils et beaucoup de gens, ceux qui avaient un lieu plus sûr, s'éloignaient de la capitale vers les villages pour les éviter.

L'Orchestre Municipale de València:
Avec le nouveau régime - la dictature franquiste - au pouvoir, l'heure était arrivée des vengeances et des représailles. Un rapport daté en juin 1939 et sans signer, accusait ignominiosement Joan Lamote de Grignon et son fils Ricard, d'avoir réalisé une série d'actions infamantes, qui ont comporté l'ouverture d'un dossier d'épuration par collaboration avec l'ennemi. Ce rapport rédigé, dans un style direct, vexatoire et vindicatif, clairement éloigné des formules juridiques, portait l'empreinte visible d'une revanche personnelle. Histoire triste, puisque la Mairie de Barcelone, qui aurait put corriger l'offense, s'est limitée à confirmer la destitution dans la séance plénière du 29 août et avait précédemment nommé un "directeur accidentel", Ramon Bonell i Chanut.
À partir de ce moment, nous avons à faire avec un homme de 67 ans abattu, désorienté, en souffrant comme beaucoup d'autres concitoyens et intellectuels le long calvaire de l'infamie. Père et fils qui avaient tant travaillé pour un monde musical ideal, ont passé une longue période de silence à cause de la folie des temps qui couraient.
Mais des mains amicales ont ouvert le chemin.
À València, comme ailleurs, la qualité de Lamote était connue et sa Mairie a voulu fonder un orchestre, ce pourquoi il a été appelé en décembre 1942. Il a seulement mis une condition, que son fils devait être le sous-directeur. Il a ainsi été, (malgré que dans la liste de candidats Josep Manuel Izquierdo le précédait) et le mois suivant les essais ont déjà commencé pour l'admission de musiciens.
C'est ainsi que le public de València a pu jouir de tout le bagage d'une personnalité au moment le plus important que sa maturité humaine et artistique (il était agé de 71 ans) en dirigeant une formation pensée et structurée personnellement comme ses chères OSB et Fanfare Municipales de Barcelona.
Son fils Ricard a aussi dirigé dans cette grande étape nombre de concerts,
Le fils de Joan Lamote, Ricard Lamote de Grignon i Ribasen étant les deux connus et admirés au moins par le public qu'allait écouter l'Orchestre Symphonique de València, puisque malheureusement il existait un versant de rancoeur et d'envie en rapport avec des éléments sectoriels fidèles à la volonté politique du moment. Il n'était pas ainsi à la Mairie, où il jouissait d'un environnement favorable surtout du coté du maire Juan Antonio Gómez Trénor, comte de Trénor et le Conseiller municipal Martín Domínguez Barberà.
Pendant ces cinq années de travail
à València, sa femme Florentina Ribas est morte le 4 décembre 1944 . Deux années plus tard il refait à nouveau sa vie, en se mariant avec Marcela Llevarán i Paulin, ancienne collaboratrice aux tâches administratives de la Fanfare Municipale de Barcelone.
À la fin du contrat la Mairie lui a offert la possibilité de le renouveler, mais il l'a refusé
e, car il avait besoin d'une période de repos. Il était alors agé de 75 ans. Son fils Ricard a accepté de continuer avec les tâches de sous-directeur, avec le maître Hans von Benda. On lui a renouvelé le contrat pour une nouvelle période de quatre ans en mars 1948, avec une clause de renoncement volontaire de chacune des deux parts pendant les six premiers mois. Le fait est que très rapidement, le 25 août de la même année la Séance plénière de la Mairie de València a résilié le contrat à Ricard Lamote, sans consultation préalable à l'autorité politique, musicale, ni, évidemment demander l'avis de l'intéressé.

Dernières activités à son retour à Barcelone:
La ville était à ces moments, humaine et musicalement, une ombre du passé. Un peu partout on respirait les étroitesses et les angoisses du présent et la peur du futur. La crainte et la peur de dire en haute voix ce qu'on pensait, faisait partie de la vie des citoyens; où était la splendeur culturelle précédente?. Malgré tout, il s'agissait de sa ville et il fallait y faire face.
Lamote a trouvé une autre fois la lueur d'espoir nécessaire pour suivre et il a pris part au Ier. "Stage d'instrumentation pour cobla" (petit orchestre de vent et percussion pour interprétation de musique populaire catalane), organisé par "l'Institution Musicale Juli Garreta". Il s'agissait d'une initiative très osée pour l'époque - avec la puissante persecution contre toute manifestation de la culture catalane -, comme on peut déduire de la discrétion avec laquelle les sept leçons à charge de Joaquim Serra ont été réalisées (six au London Club, Avenue Gran Via, 615 et une au Foment de les Arts Decoratives (Société d'Encouragement des Arts Décoratifs),  dans la coupole du Coliseum à Barcelone), mais qui représentaient un support pour l'identité catalane. Comme conclusion Lamote a développé une dissertation sur le sujet "les possibilités futures des instruments de place et de la cobla".
Barcelone avait créé son "Orchestre Municipale", que dirigeait Eduard Toldrá, musicien de grande valeur. Bien que le dossier de sanction de 1939 ait été sursu en février 1943, il était impensable pour lui de diriger à ce moment-là, quand les rancunes étaient encore évidentes et la douleur des blessures de la guerre était encore très vive, spécialement contre les vaincus.
Il a dû être avec un autre orchestre, la Filharmònica créée par César Mendoza Lasalle, où il a rencontré à nouveau la chaleur du Palau de la Musique de Barcelone et à beaucoup des musiciens qui avaient collaboré avec lui, et qui avaient joué ou à l'Orchestre Pau Casals ou à l'OSB. Avec eux le 27 février 1949 il a dirigé son dernier concert, Alicia de Larrocha jouant comme soliste au piano. Par impossibilité physique, il n'a pas pu diriger un nouveau concert avec la Neuvième Symphonie de Beethoven qui avait été annoncée pour quelques jours plus tard.
Il est mort à Barcelone le 11 mars 1949. Le silence des institutions a dénoté une ingratitude incompréhensible envers une personne qui s'était livrée en corps et âme avec tant de noblesse et dévouement à l'amélioration musicale de la ville. Mais le peuple de Barcelone et touts les professionnels de la musique rendirent un hommage silencieux au vieil maître, en accompagnant ses restes.
La même année, six mois plus tard mourait Richard Strauss, qui a cru en lui. Cette année la mort a fait passer à la postérité deux grands musiciens.

 
Texte de Ricard Comas i Figueras

Photographies publiées sous l'autorisation de l'Académie Marshall de Barcelone

 

Bibliographie spécifique sur Joan Lamote de Grignon

Titre Auteur Publié par Année
La Banda Municipal de Barcelona. 1886-1944 Almacellas i Díez, Josep Maria Arxiu Municipal de Barceona, 2006
125 anys de la Banda Municipal de BArcelona Almacellas i Díez, Josep Maria Quaderns de l'Auditori (Q11), Barcelona 2010
La música i el Modernisme Aviñoa, Xosé Biblioteca de cultura catalana. Barcelona 1985

Joan Lamote de Grignon

Bonastre i Bertran, Francesc Generalitat de Catalunya i Edicions Proa
La Banda Municipal de Barcelona. Cent anys de música ciutadana Bonastre i Bertran, Francesc Barcelona 1989

La Música "Oficial" de la Ciudad de Barcelona. Apuntes para la historia de la Banda Municipal

Caballé Clos, T. Barcelona 1946
Historia de la música contemporánea valenciana Climent, J. Valencia 1978
Barcelona filarmónica. La evolución musical de 1875 a 1925 Lamaña, L. Elzeviriana i Libr. Camí, S.A.. Barcelona 1927
La música a Catalunya Lamote de Grignon Conferència mecanografiada ca.1937. Arxiu Sra. Empar Ranch, Valencia. ca. 1937
Musique et musiciens français a Barcelone, musique et musiciens catalans à Paris Lamote de Grignon Conferència mecanografiada, llegida a l'Institut Francés de Barcelona el 9-5-1935 1935
Quasi un segle de simfonisme a Barcelona. Vol I: De l’orquestra Pau Casals a l'Orquestra Ciutat de Barcelona Martorell, Oriol Barcelona 1995
Síntesi històrica de la música catalana Martorell, Oriol i Valls Manel Els llibres de la frontera. Sant Cugat del V.

Història de la Música Catalana

Valls, M. Editorial Tàber. Barcelona 1969
 

Autres Musiciens Art Nouveau Catalans

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