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Isaac
Albéniz à treize ans |
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Albéniz
à dix-sept ans |
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Isaac
Albéniz à dix-neuf ans |
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Isaac
Albéniz vers 1880 |
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Isaac
Albéniz vers 1890 |
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Plénitude d'Albéniz au piano |
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Albéniz
vers 1905, déjà avec les traits de la maladie au visage |
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Albéniz
soufrant visiblement sa maladie vers 1908 |
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Oeuvre:
Musique symphonique:
-Suite
caractéristique
pour
orchestre
(ca.1886)
-Scènes symphoniques catalanes (1888-1889)
-La
Alhambra (1896-1897)
-Petit Suite –Sérénade Lorraine (1898)
-Rapsodie Almogàver (1899)
-Catalonia, suite populaire pour orchestre en trois parties (1899)
Musique
concertante:
-Rapsodie espagnole
pour piano et orchestre Opus 70 (1887)
-Premier concert pour piano et orchestre
-Concert fantastique Opus 78
(1885-1887)
-Second concert pour piano et orchestre (inachevé 1892)
Musique de chambre:
-Suite de concert
pour sextet (1883)
-Berceuse pour violon et piano (1890)
Musique instrumentale:
Pour
piano
-Marche militaire (1869)
-Pavana facile pour des petites
mains Opus 83 (1881)
-Sérénade napolitaine (1882)
-Pavana-caprice Opus 12 (1882)
-Étude - impromptu Opus 56 (1882)
-Barcarollee
Opus 23
(1883)
-Six
petites valses Opus 25 (1884)
-Sonate nº 1 Opus 28 (1884)
-Étude de concert Opus 29 (1885, 3 de juillet)
-Sérénade
arabe
(ca.1885)
-Suite
maure (ca.1884)
-Étude de concert en Mi mineur Opus 21 (1885)
-Desitg, étude de concert Opus 40 (1885)
"A la meva dona" (À ma
femme)
-Première suite ancienne Opus 54 (ca.1885)
-Six
mazurka
de
salon
Opus 66 (ca.1885)
-Première suite espagnole Opus 47 (1883-1894)
-Angoisse, romance sans paroles (1996)
-Deuxième suite antique Opus 64 (1886)
-Set études en tonalites naturelles majeures Opus 65 (1886)
-Menuet en Sol mineur (1886)
-Troisième menuet (1886)
-Rhapsodie cubaine en Sol majeur Opus 66 (1886)
-Six danses espagnoles (1886)
-Troisième suite antique (1886)
-Rhapsodie espagnole
pour
deux
pianos Opus 70 (1886)
-Rhapsodie espagnole Opus 70 (1887)
-Souvenirs de voyage Opus 71 (1886-1887)
-Sonate nº 4 en La majeur Opus 72 (1887)
-Souvenirs, mazurka
Opus 80 (1887)
-Mazurka de salon en mi bémol majeur Opus 81 (1887)
-Sonate nº 5 en Sol bémol majeur Opus 82 (1887)
-Valse champagne, vals de salon (1888)
-Douze pièces característiques Opus 92 (1888)
-Amalia, mazurka de
salon
Opus 95 (1888)
-Ricordatti, mazurka de salon Opus 96 (1888)
-Deuxième suite espagnole Opus 97 (ca.1889)
-Sérénade espagnole Opus 181 (1889)
-Cádiz-gaditana (ca.1889)
-Deux danses espagnoles Opus 164 (ca.1889)
-Espagne: Six feuilles d’album Opus 165 (1890)
-L'Automme-Valse Opus 170 (1890)
-Zambra granadine en Re mineur (ca.1890)
-Mallorca, barcarolle
Opus 202 (1890) /**/
-Rêves Opus 201 (1890-1891)
-Zorzico en Mi mineur (1891)
-Les Saisons (Connú aussi comme "Album of Miniatures" (1892)
-Chants d'Espagne Opus 232 (1891-1894)
-Espagne: Souvenirs (1896-1897)
-La Vega (1897)
-Trois improvisations en Fa dièse mineur (1903)
-Iberia, "12 nouvelles impressions en quatre cahiers" (1905-1908)
-Navarra (1907)
-Azulejos (Finie par
Enric Granados
1909)
Oeuvre
scénique:
Opéra
-The Magic Opal
(1892-1893)
-Poor Jonathan (1893)
-Henry Clifford (1893-1895)
-Pepita Jiménez (1895)
-Mar i cel (Inachevée
1897)
-La Sérénade (Ébauchée
1899)
-Merlin (1897-1902)
-Launcelot (1902-1904)
-Guenevere (Ébauchée)
-La morena (Ébauchée
1905)
Zarzuela
-Cuanto más viejo…
(1881-1882)
-Catalans de Gracia (1882)
-Sant Antoni de la Florida (1894)
-La real hembra (Inachevée
1902)
Musique incidentale:
-Poèmes d'amour
(1892)
-The Song of Songs (Ébauchée
1905)
Musique vocale:
Voix et piano
-Cinq rimes de
Bécquer Opus 7 (1886)
-Six
balades sur textes de la marquise de Bolaños (1887)
-Chanson de Barberine (ca.1889)
-Pour Nelli, six chansons pour chant
et piano (1896)
-Has marxat per sempre, Elena? (Ets tu partie pour toujours
Hélène? 1896)
-Seras meva? (Tu
seras à moi 1896)
-Separats! (Séparés! 1896)
-Deux fragments en prose (1897)
-Succeeix amb l’amor (Ça se passe avec l'amour 1897)
-L'assamble des
rats (Incomplet
ca.1897)
-Les
dons des Dieux (1897)
-L'oruga (La chenille 1903)
-Quatre chansons (1908)
Musique chorale
-Le Christ
(Manuscrit ilocalisé
ca.1885)
-Domine ne in furore, Salme VI de
l' Office de Défunts (1885)
-Lo Llacsó (Ébauche
1896)
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Biographie:
Naissance d'un enfant
prodige:
Isaac Albéniz est né à Camprodon (Ripollès) le 29
mai 1860. Son père Angel Albéniz était un fonctionnaire destiné à cette
ville, sa mère Dolors Pacual
était originaire de Figueres (Alt Empordà - Catalogne).
Isaac Albéniz était un authentique
enfant prodige qui à quatre ans interprétait
au théâtre Romea de Barcelone, où ses parents
étaient allés résider peu aprés
sa naissance, une fantaisie sur "I Vespri
Siciliani - les veilles siciliennes" de Verdi.
Son premier maître a été Narcis Oliveras. Par la
suite, à Paris à l'age de six ans il faisait des
études avec Antoine François Marmontel d'abord et par la suite
au Conservatoire. À huit ans il jouait des concerts à
plusieurs villes catalanes.
Ayant trés jeune une claire vocation de pianiste,
nous trouvons sa musique dans les répertoires des
grands interprètes, qui la choisissent
comme une référence claire de la musique populaire andalouse pour cet
instrument.
Les thèmes d'inspiration andalouse occupent
une importante partie de sa
production comme compositeur - en dépit de sa
naissance en Catalogne, sa production de musique d'inspiration catalane
n'est pas tellement abondante -. Ceci n'est pas un
obstacle pour que Albéniz soit un homme éminemment
catalan, ce que l'on pourait actuellement appeler "un
catalan
universel".
Une
enfance très
active:
À cause du travail de son père
comme fonctionnaire de l'État, Isaac Albéniz a connu
depuis son plus jeune age de
nombreuses villes de la Catalogne, d'Espagne et d'autres pays même
en
Amérique.
Il est né à Camprodón parce que son
père y était destiné. Au bout de trois années ils se
rendent à Sitges, et seulement quelques mois plus
tard à Barcelone.
Quelques années plus tard Angel Albéniz est represaillé
et destiné au bureau de douanes du port
d'Almeria (en Andalousie), charge qu'il perd par ses implications
politiques. La famille revient à Barcelone, bien
qu'Isaac (qui a huit années) se trouve alors à Madrid (où il
serà reçu à l'examen de premier
cours de solfège au
conservatoire de la capital). Au mois de juillet,
nouveau changement de domicile, cette fois à
Cáceres (Extremadura -Espagne-).
Il voyage de Cáceres à Madrid régulièrement pour
assister aux classes de solfège de Feliciano
Premier et de piano avec
Manuel Mendizábal. A dix ans, il joue avec enthousiasme des
récitals
à la fois qu'il ne cesse pas d'étudier.
Son père est destiné à nouveau à Madrid, où toute la famille se
déplace. C'est l'époque où il se fait connaître avec
des concerts à
Valladolid, Salamanque, Palencia, Leon, Oviedo, Avila, L'Escorial, un
vaste parcours par Andalousie, en fin, des villes et
des villages où sa présence
commence à être demandée.
Quand il aura quatorze années sa soeur Blanche se suicide
au Parc du Retiro de Madrid, où
elle était membre du choeur du théâtre de la
Zarzuela.
En 1875 son père, Angel Albéniz, est nommé "Vérificateur général de
courriers" à Puerto Rico et La Havane.
À nouveau l'année suivante il
perdra ce travail, ce pourquoi il retournera à Madrid.
Mais pour
Isaac toutes ces circonstances ne sont plus qu'une manière
brillante de connaître et de visiter un nouveau pays. Pendant
cette période il a joué comme pianiste dans des villes comme San Juan de
Puerto Rico, Santiago de Cuba, ainsi qu'à
La
Havane.
Contacts très importants:
L'année 1876 le prestige d'Albéniz est
déjà très diffusé dans les cercles aristocratiques de Madrid. C'est grâce à
Guillermo Morphy Ferris, (Comte de Morphy secrétaire particulier du roi
d'Espagne, Alfonse XII) qui enthousiasmé par son talent lui ouvre les
portes de la Cour. Ce personnage a exercé son influencé pour lui accorder
une pension royale pour étudier au Conservatoire Royal de Bruxelles, où il
a perfectionné les études de solfège et de piano.
À partir de ce moment nous pouvons déjà dire, que Albéniz poursuit sa vie
indépendamment de ses parents.
Homme d'une imagination inépuisable, son talent va au delà du domaine de la
musique elle-même, et même lui fait inventer des situations et des
anecdotes, comme l'hypothétique rencontre avec Franz Liszt, qui dans son
journal il date le 18 août de de 1880 à Budapest, chose impossible, puisque Liszt était
à Weimar ce jour.
L'exhibitionnisme
d'enfant prodige devait l'influencer, comme quand il jouait le piano avec
un bandeaux sur les
yeux, ou de dos au piano, ou avec un tissu sur les touches pour
le compliquer encore plus. Cette raison nous oblige à
considérer avec beaucoup de précaution, ou au moins savoir interpréter,
ses écrits de jeunesse.
Albéniz
compositeur:
Pendant les années quatre-vingt
du XIXème. siècle, c'est à dire quand il avait 20 ans révolus, il
approfondit de manière décisive dans la composition, sans cesser de
montrer sa virtuosité en faisant des concerts dans de nombreuses villes européennes.
Pendant une période il donne des classes à ses disciples (il est arrivé à
avoir une importante clientèle aristocratique), et à la fin du jour,
en dépit de la fatigue accumulée, il se mettait à composer des pages et des
pages de musique, puisqu'il avait signé avec l'éditeur Romero y Andía
un contrat par lequel celui-ci lui payait cinq pesetas de l'époque par page
inédite. Romarin pensait qu'il avait fait une bonne affaire, mais
Albéniz était tellement prolifique très vite l'éditeur lui même lui a prié
de résilier le contrat, puisque Albéniz se débrouillait pour lui
offrir quotidiennement des douzaines de pages, ce qui était plus de ce que
l'éditeur était disposé à payer.
Nous devons faire référence à la grande quantité de manuscrits
actuellement perdus, desquels nous avons des informations par des lettres,
des documents, des témoignages de gens proches et des spécialistes.
Également nous nous trouvons avec une grande quantité d'oeuvres
commencées, parfois simples croquis, avec une ou deux pages d'écriture
musicale qui au cas d'avoir été finies auraient été de véritables oeuvres d'art musical.
Ceci nous donne une idée de l'exubérance de son caractère, de
l'inquiétude permanente qui l'a marqué et de l'ambition pour améliorer son
expression musicale.
Nous pouvons trouver un vaste catalogue de sa production exposé avec tous
les détails
outre une discographie recommandée, dans le livre récemment édité, "Albéniz", du
musicologue Justo Romero.
L'année 1883 va être très importante dans la vie d'Albéniz.
En revenant d'un voyage en Amérique Sud il s'établit à
nouveau à Barcelone où il connait Felip Pedrell un
des plus grands musiciens et compositeurs catalans et studieux de la musique
ancienne, qui l'a
convaincu de la nécessité de développer un style musical plus moderne et
profondément national.
Albèniz,
musicien Art Nouveau?:
Albéniz a vécu la période
fondamentale de l'Art Nouveau catalan qui s'est développée entre 1890 et
1910.
Bien qu'en musique il est difficile de parler en Catalogne d'une école Art
Nouveau proprement dite (au même sens qu'en France, par exemple, nous
pouvons parler de Claude Debussy ou Eric Satie), il est bien clair que les
caractéristiques de sa musique appartiennent à ce mouvement, très orienté
à une vision populaire des arts et de la musique et à une liberté de
création qui rompait avec la rigidité académique qui avait la norme
jusqu'à l'éclosion de l'Art Nouveau et qui avait déjà commencé à se
montrer dans l'oeuvre de Felip Pedrell.
En ce sens quelques travaux de
Xosé Aviñoa sont une aide très importante pour la
recherche de l'Art Nouveau musical "Modernisme musical
en Catalogne et très spécialement ses livres "La
música i el Modernisme" y "Modernisme
i Modernistes - Música i Modernisme: Definició i Període -"
(voir Bibliographie).
Mariage
et maturité:
Il se
marie avec son élève Rosina Jordana le 23 juin 1883 dans l'église de la
Vierge de la Mercé, à Barcelone. De ce mariage naîtront cinq fils, quatre
filles (deux d'entre elles mortes à très jeune âge) et un garçon.
En 1885 les mariés s'installent à Madrid.
Pendant l'Exposition Universelle de Barcelone de 1888 il réalise une série
de concerts qui le projettent vers un plus grand prestige artistique. Le
13 juin de l'année suivante, après un accueil fabuleux, il joue un concert
au Princés Hall de Londres, où il reçoit de grandes éloges par la presse
britannique; à tel point son succès est grand qu'il reste au
Royaume-Uni où il joue davantage de concerts - au Saint James Hall, au
Steinway Hall et au Crystal Palace - pendant toute cette année.
Il n'y a plus aucun doute sur la reconnaissance de sa valeur comme
musicien, qui décide de s'installer nouvellement à Barcelone, bien
que ce ne soit pas d'une manière stable puisque dans cet esprit il n'y a
rien définitif, mais qu'avec ses compatriotes retrouve le cosmopolitisme
qu'il avait découvert dans ses voyages de jeunesse.
Sa carrière comme pianiste arrive à son zénith pendant les années 1889-92
où outre les concerts cités en Grande-Bretagne, il en réalise d'autres en
Allemagne, Autriche, Belgique et la France.
Outre à Londres et Barcelone, il a aussi vécu à Paris (où il a été
professeur de la Schola Cantorum), Bruxelles, Nice et Leipzig entre
d'autres villes. Mais c'est spécialement en Andalousie où il a recueilli
l'essence des mélodies du lieu, où il a créé un style qui a fait qu'on ait
plus la sensation d'avoir né là, plus que dans un autre lieu.
La musique d'Albéniz,
synthèse de styles:
Selon
Yale Fineman, Albéniz introduit dans sa musique beaucoup d'éléments du sud
de la péninsule Ibérique, principalement d'Andalousie, dans ses
compositions. Il transporte au piano le langage de la guitare. Si nous
comparons ses premiers travaux dans lesquels la guitare est l'instrument
de base, avec un des derniers, la Suite Iberia par exemple, nous
constatons que celle-ci est beaucoup plus clairement pianistique.
Les différences sont remarquables en ce qui concerne leur construction
formelle en alternant finalement les formes de sonate avec celles de de la
copla et de celle-ci avec des interludes et la danse.
Avec Iberia, suite d'une complexité technique extraordinaire, Albéniz fait
entrer sa musique dans le XXème. Il enrichit son vocabulaire musical qui
est de plus en plus intéressant non seulement pour les mélomanes, mais
aussi pour le public en général.
Albéniz est capable de combiner des éléments de la musique européenne
contemporaine avec le langage musical andalous et avec la musique
populaire Catalane. En dépit de contenir de ces éléments étrangers
(européens), sa musique sera acceptée avec enthousiasme par les gens de
son pays.
Contrats
de composition:
Entre les
années 1890 et 1893, Albéniz a préférablement vécu à Londres. Dans cette
période, en plus de continuer la composition pour piano et la réalisation
de concerts au même Londres et dans d'autres vil les européennes, il a
écrit quelques opérettes et chansons de succès qui lui ont permis d'être
temporairement contracté comme compositeur principal et directeur au
Théâtre Prince de Galles. L'année 1893, on lui a offert de rendre
définitive cette nomination, mais Albéniz a préféré rentrer à Barcelone et
plus tard à Paris.
Albéniz était déjà un point d'observation pour des gens qui veulent
rentabiliser le génie. Il y a une compétition entre plusieurs chefs
d'entreprise, banquiers et poètes anglais, qui font des offres économiques
substantielles, pour mettre les paroles en musique de poèmes et drames
anglais. Il contacte finalement un riche banquier anglais Francis
Money-Coutts (Lord Latymer) qui avait le penchant d'écrire des drames
poétiques qu'il voulait mettre en musique.
Ils signent un contrat, qui était attrayant pour Albeniz parce qu'il lui
permettait d'obtenir une stabilité financière pour sa famille et lui.
Malgré tout, cette obligation a deux versants : d'une part il lui apporte
la tranquillité économique qu'il apprécie après les privations d'années
précédentes, mais d'autre part il accomplit les contrats sans
l'inspiration et le sentiment q u'il avait précédemment senti au moment de
composer des pièces qui artistiquement étaient très appréciées par lui.
Qui sait s'il regrette les moments où son illusion lui a inspiré les
petits bijoux pour piano qui l'ont fait tellement populaire, même s'ils
avaient une petite ou nulle rentabilité, bien qu'il soit à ce moment là un
des musiciens les meilleurs payés.
Ces commandes ne se sont pas avérés faciles. Dans la musique orchestrale
il ne trouve pas la magie sonore d'un piano seulement, et sa composition
se débat entre les formalités auxquelles l'obligent les divers instruments
et l'inspiration qu'il doit chercher à prix soulevé. Il péchait peut-être
d'autodidacte, à défaut d'un académisme obtenu trop par force.
À cette période correspond l'Opéra "Pepita Jimenez" basée en l'oeuvre de
Juan Valera, qui a obtenu un succès remarquable, étant représentée à
Barcelone (1896), Prague (1897), Bruxelles (1905) et Paris (Opera-Comique,
1923).
L’entourage
et les premiers symptômes de la maladie:
Dans les réunions
avec ses anis musiciens
(Fauré, Dukas, Granados, Malats, Breton entre
autres) il demandait toujours son avis
sur ses compositions, malgré qu'il était déjà un
musicien de prestige. Le brillant pianiste
qu'il était, voulait apprendre toujours; apprendre
plus encore pour arriver à composer pour orchestre
avec une sensibilité égale et la même légèreté qu'il
le faisait pour le piano.
Son environnement ne lui est pas étranger. Il a une
vision négative de son temps qui se reflète dans la correspondance qu'il
maintient avec sa soeur Clémentine pendant son
séjour à la station balnéaire de Plombières l'été
de 1898. Ce séjour était sûrement
du à sa santé qui commençait déjà à
manifester des signes de détérioration. Effectivement, à
ses trente-sept années, nous lisons dans
son journal un long paragraphe qui reflète la
situation d'un homme encore jeune, mais fatigué déjà par la maturité vécue
et acquise dans sa trajectoire vitale, qui refléchit
sur lui-même, s'il a bien ou mal fait choses.
Il reconnait les craintes que toute personne
éprouve dans sa solitude, le bruit des
applaudissements et les éloges mondaines déjà éteint.
Cet écrit fut rédigé par lui à l'hôtel où il se
trouvait à Prague, ou se tenaient les essais
de son oeuvre Pepita Jiménez.
La
maladie
mortelle:
Bien que sa maladie le torture pendant des années, il ne cesse de
composer avec une volonté de fer.
Presque pendant douze années il a souffert le Mal de Brigth (néphrite
chronique), en passant des étapes de crises aiguës, jusqu'au point que
pendant un séjour en Angleterre où il est tombé gravement malade, le bruit
de son décès est couru - sans fondement -, ce qui a été très tôt démenti.
À ce moment, le chroniqueur du journal Heraldo de Madrid, Louis Bonafoux,
écrivait : "Albéniz a les reins cassés, mais conserve toute sa force
vitale innée et l'optimisme, qui obstinément lui permettent de continuer
vivant, et ce qui est plus grave, de travailler !".
Ce catalan de race ne pouvait rien faire que travailler autant
que le corps le supporte.
Avec cet esprit, il a laissé le monde de l'interprétation et il s'est
pleinement consacré à la composition.
Une grande quantité de compositions de grande ou petite taille sont
restées à l'état d'ébauches, beaucoup ont été complétées, comme c'est le
cas, entre autres, de "Merlin", "La real hembra" (La
belle femme) l'année 1902, "Launcelot"
en 1904 et les douze pièces d'"Ibèria" en 1906.
Il voyage à nouveau frénétiquement en dépit de ses souffrances. Mais tout a
une limite.
Le séjour à la station
balnéaire de Cambo-les-bains et la mort:
Par conseil de
ses
médecins, le 1er Abril 1909, il
quite Paris où
il vivait alors, et avec toute la famille il s'installe
à la station balnéaire de
Cambo-les-Bains (Pays Basque), à la recherche d'un
climat plus favorable. Il est
évident que la fin s'approche et les doses de morphine
autorisées qu'on lui
administre, réduisent à peine ses souffrances.
Une rencontre émouvante a eu lieu au début de mai, en recevant la visite
de son ami Enric Granados,
qui lui apporte des
nouvelles de quelques uns de ses amis.
Effectivement, Debussy, Dukas, Fauré, d'Indy et le même Granados
avaient demandé au gouvernement français la Croix de la Légion d'Honneur
pour lui, décoration qui était près d'être accordée.
Tout ceci était écrit sur
une lettre que Granados a livré au
moribond. Ils se sont alors embrassés - selon des témoins directs -
aucun d'eux
n'étant pas capables de rien dire,
portés par l'émotion et les pleurs, jusqu'à ce que le même médecin, en
faisant valoir son autorité les a séparés pour éviter de
les laisser être surpassés par l'émotion. Ils se
délassèrent aprés avec une longue et amicale
conversation pendant laquelle, Granados lui rendit
compte des derniers faits musicaux.
Il lui a commenté son
proche voyage aux Etats-Unis pour faire connaître son oeuvre.
Albéniz lui demande de toucher quelque chose au piano.
Granados s'est mis à interpréter "La maja y el
ruiseñor" pièce qui était alors inconnue, et
voulant donner une surprise à l'ami, sans
rien dire, il arrête son interprétation et commence à
jouer la barcarolle "Majorque", qui était une
petite pièce conçue pendant un voyage des deux musiciens
aux Îles Baléares, une manière de se souvenir des
temps heureux.
Ce jour qu'il a passé en
compagnie de Granados a été un
des derniers où Albéniz est parvenu à être lucide.
Il est mort vers les 8 h. de l'après-midi du 18 de
ce mois de mai de 1909 quelques
jours avant de fêter ses 49 ans.
Son décès causa une grande impression au monde musical.
Les restes d'Albéniz sont encore
restées quelques jours à Cambo, où le préfet
des Basses Pyrénées s'est adressé
pour lui rendre
hommage et placer sur le cercueil la Grande Croix de la Légion d'Honneur.
Le cortège
est parti pour Barcelone, où il est arrivé par train le 5 juin
à sept heures et quart du soir à la gare de France.
On lui dédia une solennelle cérémonie d'accueil,
qui se prolongea
jusqu'au lendemain.
La Fanfarre Municipale de Barcelone joua la marche
funèbre du Crépuscule des Dieux de Wagner, l'Orfeó Català chanta
plusieurs passages du Rèquiem de Fauré, et on y
interpréta la "Marche funèbre" de la Sonate
nº 2 de Chopin.
Après les funérailles solennelles, le cortège parcourut
les rues parées avec des drapeaux catalans
en berne. Un émouvant arrêt
se fit devant le Théâtre de
l'Opéra (Liceu). Des
centaines de personnes suivirent la cérémonie.
Plus tard il fut enterré au
cimetière de Montjuic.
Il est inévitable de se demander où serait arrivé
ce catalan universel s'il
avait eu une plus longue vie.
Épitaphe a Isaac Albéniz (Federico García Lorca):
Français |
Texte original en Espagnol |
Cette
pierre que nous voyons levée
sur des herbes de mort et de boue obscure
garde lire d’ombre, soleil mur,
urne de chant seule et versée.
Dés le
sel de Cadis a
Grenade
qui lève en eau un mur perpétuel
en cheval andalou de dur accent
ton ombre gémit par la lumière dorée.
Oh doux mort de
petite main!
Oh musique et bonté entretissée!
Oh pupille de vautour, coeur sain!.
Dors ciel infini neige
tendue
Songe hiver de lumière, gris été
Dors en oubli de ta vieille vie! |
Esta
piedra que vemos levantada
sobre hierbas de muerte y barro oscuro
guarda lira de sombra, sol maduro,
urna de canto sola y derramada.
Desde la sal de Cádiz a
Granada
que erige en agua un perpetuo muro
en caballo andaluz de acento duro
tu sombra gime por la luz dorada.
¡Oh dulce muerto de
pequeña mano
¡Oh música y bondad entretegida
¡Oh pupila de azor, corazon sano.
Duerme cielo sin fin
nieve tendida
Sueña invierno de lumbre, gris verano
¡Duerme en olvido de tu vieja vida!
14 Décembre 1935 |
Commentaires
sur la vie et l'oeuvre d'Albéniz:
• D'un long travail publié par Claude
Debussy quatre années après le décès
d'Albéniz, en se référant à des auteurs ibériens, nous pouvons
résumer : "... retenons entre eux le nom d'Isaac Albéniz, incomparable virtuose
d'abord, il a ensuite acquis une connaissance admirable d'"office"
musical... il a su tirer parti de la grande
mélancolie, de l'humeur spéciale de son pays d'origine (il était
catalan)... dans "l'Albaicín" c'est où nous pouvons
trouver l'atmosphère des après-midi d'Espagne avec
des parfums d'eau-de-vie fine et des oeillets... de
lointains sons de guitare qui le soir se
plaint... sans copier avec exactitude les sujets populaires, il les a
écoutés, il a bu en ces derniers et il les transfère à sa musique, sans
que nous puissions distinguer la ligne qui sépare
ce qui est populaire de la propre invention... "
• Felip Pedrell disait que "Albeniz sent la
musique par la telepatíe du clavier du piano". Le
même compositeur, dans la Revue musicale catalane écrit "des
tempéraments comme le sien ne
peuvent pas être appris, ils contiennent
en eux mêmes tout ce qu'ils
ont le privilège de voir, ils
sont seulement digestibles et ceci seulement dans
une certaine mesure, pour ne pas contenir ni perdre
l'haleine de l'eau cristalline de son intuition innée ".
• Un pianiste de la hauteur de Francis
Planté disait de lui :
"Il existe les grands pianistes... Et le grand pianiste Isaac Albéniz ".
• Artur Rubinstein assurait que "j'ai trouvé l'auteur qui me fait
donner le meilleur de moi comme interprète... Depuis lors, mes grands
succès sont inséparablement unis au nom illustre et cher d'Isaac Albéniz
".
• Turina disait de lui "Catalán emmoulé
en Andalou".
Commentaires et éloges nécrologiques:
Le décès d'Albéniz a frappé le monde musical de
l'époque et les éloges envers lui
se sont multipliés. Nous en reprenons quelques
uns.
• Tomas Bretón l'a très
bien connu pendant les années quatre-vingt.
Années de son séjour à
Madrid. "Un grand artiste est mort,
il était à la fois un bon homme. Celui-là était
davantage connu que celui-ci...
je n'ai jamais connu un homme de
plus bon coeur qu'Isaac Albéniz..."
écrivait dans un article nécrologique le 21 mai 1909, trois jours après le
décés et il
finissait avec un soupir : "Isaac le pauvre
! Que Dieu lui donne la gloire que,
selon ceux qui l'avons aimé et admiré,
il mérite."
• Manuel de Falla, par une lettre à Felip
Pedrell datée à Paris le 29 décembre 1909 "Quelle
grande perte nous avons souffert avec le décès d'Albéniz et quel
grand artiste il était
!".
• Son collègue et ami Déodat de Séverac, qui a conclu la Navarre
inachevée, eu un impact par les nouvelles de son décès il a publié
au Courrier Musical : "... tu ne pouvais pas
l'approcher sans l'adorer, parce qu'il
était la générosité, la loyauté et l'amitié vive... toutes les
jolies choses, fuissent elles la
poésie, la musique, la
peinture, la sculpture,
l'émouvaient jusqu'au plus profond de son
coeur... (sa musique) est séduisante
comme une fleur d'oranger et si ardente
que le soleil d'Espagne... "
Musée
Isaac Albéniz a Camprodon (Catalogne):
La petite
ville où Albéniz est né, honore son illustre fils avec un petit
mais intéressant Musée qui contient des objets personnels, une très
abondante documentation
entre laquelle nous y trouvons son certificat de naissance, des manuscrits originaux,
des livres de sa bibliothèque privée et
un fac-simile de la versión manuscrite de la Suite Ibèria.
Nous y trouvons aussi
de
nombreux éléments personnels comme le lit qu'il emmenait dans ses voyages.
On y trouve aussi son premier piano - que l'on peut
voir photographié en haut à droite - le piano duquel
Francis Money-Coutts fit cadeau à sa fille à l'occasion de son mariage,
des peintures en rapport avec Albéniz et beaucoup d'intéressantes photos.
Adresse: |
22, Rue Sant Roc
17867
Camprodon
(Catalogne) |
Téléphone: |
(+34) 972 74 11 66 |
e-mail: |
registre@ajcamprodon.com |
Visites: |
Concertées et guidées |
Horaire:
|
Lundi à Vendredi:
Mardis fermé.
Samedis et fériés:
Dimanches après-
midi fermé. |
Matins de 11h. a 14h.
Après-midi de 16 h. a 19h.
Matins de 11h. a 14h.
Après-midi de 16h. a 19h. |
Prix: |
Billet
normal: 2,40 Euros.
Moins
de 18 ans et retirés: 1,50 Euros.
Étudiants avec carnet: 1,50 Euros.
Groupes de
plus de 20 personnes: 1,50 Euros.
Moins de 10 ans: Ne
payent pas. |
Boutique: |
On y vend des souvenirs, des cartes
postales, des disques, etc. |
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